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Pourquoi des études sont-elles rétractées?

Pourquoi des études sont-elles rétractées?

Par Pascal Lapointe | Rédacteur en chef de Science-Presse

À la fin mai 2025, le microbiologiste français Didier Raoult atteignait le seuil peu honorable de la 40e étude rétractée. « Rétractation » est le terme par lequel on désigne le fait de retirer une étude des archives de la revue qui l’avait initialement publiée. Quelles sont les raisons invoquées?

L'importance de publier une étude

Rappelons d'abord à quel point la publication d’une étude est fondamentale dans le processus scientifique pour asseoir la crédibilité et la fiabilité des résultats d'une recherche. C'est par la publication, dans des revues spécialisées, que la méthodologie et les résultats d'une étude peuvent être vérifiés et testés par d'autres équipes de chercheurs afin d'en valider, ou non, les conclusions. C’est ce qu’on appelle la vérification par les pairs.

Toutefois, toutes les études ne sont pas égales. En fait, certaines sont même carrément retirées après avoir été publiées. Certaines personnes pourraient être portées à y voir la preuve que la science n’est pas fiable. On l’a beaucoup entendu durant la pandémie de Covid-19. Mais ce que révèle vraiment le phénomène de rétractation, c'est que le système de révision par les pairs est justement là pour éviter les dérapages et les tentatives de berner le public. Et il s’avère que ce système, bien qu’imparfait, fonctionne relativement bien et réussit à intercepter un bon nombre d’études aux résultats trompeurs.

Pourquoi retirer une étude déjà publiée?

Plusieurs compilations des rétractations d’articles ont été publiées au fil des années. Les pourcentages varient, mais chaque fois, les raisons invoquées sont les mêmes :

  • Des données manipulées ou falsifiées : ce sont les cas les plus graves d’inconduites scientifiques, qui ont donné lieu à certains des plus gros scandales. Le Lancetgate, survenu au début de la pandémie, au printemps 2020, entre dans cette catégorie.
  • Plagiat ou autoplagiat : le deuxième acte peut sembler étrange, mais il est plus fréquent que le premier. Il s’agit d’un chercheur qui, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, reprend tels quels des résultats d’une publication précédente, mais néglige de le préciser.
  • Une erreur de bonne foi :  il s’agit parfois de l’auteur lui-même qui s’est aperçu ultérieurement de son erreur et demande à ce que l’article soit retiré.
  • Enfin, un petit nombre de revues annoncent qu’elles ont retiré un article mais sans dire pourquoi. Ce manque de transparence leur est souvent reproché par les observateurs du milieu.

Souvent, une rétractation est précédée d’une enquête interne qui peut prendre des mois, et dans de tels cas, la publication peut alors être accompagnée d’une notice appelée en anglais « expression of concern ». Il faut alors être prudent et considérer les résultats comme peu fiables jusqu'à ce que la lumière soit faite.

Y en a-t-il plus qu’avant?

Y a-t-il plus de rétractations d’articles qu’avant? Le nombre augmente, si on suit les bilans annuels que publie le blogue Retraction Watch. Mais il n’est pas clair si c’est parce qu’il y en a vraiment plus, ou parce que les mécanismes de surveillance sont plus nombreux. On trouve par exemple des gens qui, comme la microbiologiste californienne Elizabeth Bik, se sont spécialisés dans la traque aux inconduites scientifiques.

Mais dans tous les cas, ça représente un pourcentage minime : sur plus de 50 millions de recherches publiées dans la dernière décennie, environ 40 000 ont été rétractées, soit moins de 0,1%. Une recherche récente identifie même des « points chauds », c’est-à-dire des pays où la moyenne est plus élevée  (0,3% en Chine) ou bien des institutions qui contribuent à elles seules à gonfler les chiffres.


 

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Image : deagreez1| DepositPhotos.com

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